14 février 2014

Pompiers en Charente : un appel aux volontaires est lancé

Le Service départemental de secours et d’incendie de la Charente a du mal à recruter des volontaires. Il se donne trois ans pour redresser la barre
Pompiers en Charente : un appel aux volontaires est lancé
Une sirène hurlante toutes les 7,4 secondes. En France, les sapeurs-pompiers sont sortis 4,2 millions de fois dans l'année 2012. Or, si les interventions sont toujours plus nombreuses, le nombre de sapeurs-pompiers volontaires décline. Lentement, mais sûrement. En 2012, notre pays comptait 192 986 pompiers volontaires, soit 2 232 de moins que l'année précédente, selon un rapport diffusé fin novembre 2013 par le ministère de l'Intérieur. Le recrutement est difficile. En dix petites années, la France a perdu 15 000 volontaires.Maillons essentiels de la sécurité civile, ces hommes et femmes occupent la plupart du temps un autre métier. Ils représentent 78 % du corps des pompiers et le renouvellement de cette force citoyenne est capital. La question a été érigée en priorité nationale. En octobre dernier, lors du congrès national des pompiers à Chambéry, le président François Hollande fixait un objectif ambitieux : « Retrouver 200 000 volontaires d'ici la fin du quinquennat ».
Lors du congrès d'Angoulême, en 2010, c'était Brice Hortefeux (alors ministre de l'Intérieur), qui promettait de protéger leur statut. « Le volontaire n'est ni un agent public, ni un travailleur, c'est une personne qui s'engage librement aux côtés de la communauté nationale », assurait-il.
Un effectif de 27 % inférieurLe dossier concerne tous les Services départementaux d'incendie et de secours (Sdis).
Sans être catastrophique, le cas de la Charente est préoccupant. On compte ici 249 professionnels et 872 volontaires : un effectif de 27 % inférieur à la moyenne des départements ruraux de même catégorie.« En 2012, nous avons recruté 37 volontaires et compté 104 départs. En 2013, ce fut un petit peu mieux, avec 69 recrutements pour 88 départs, mais le solde reste négatif », note le colonel Noël Stock qui constate que 64 % des sapeurs-pompiers volontaires en Charente résilient leur engagement avant dix ans de service.
Les raisons sont diverses : à l'heure où les sollicitations sont multiples, les notions d'engagement et d'abnégation ont perdu de leur aura. Et puis on ne fait pas fortune en devenant pompier volontaire ! Les indemnités sont minimes : entre 7 et 11 euros l'heure d'intervention. Patrick Berthault, conseiller général de Saint-Amant-de-Boixe et président du Sdis 16, note que l'image du pompier volontaire s'est sans doute un peu ternie : « Souvent, on était volontaire de père en fils. Aujourd'hui, les contextes familiaux ont changé et le père absent, appelé à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, n'est plus forcément un modèle.»
Feuilles de routeDès lors, comment recruter ? Il y a quelques jours, le colonel Stock a convoqué les chefs et adjoints des 27 centres de secours de Charente à une réunion à Angoulême, en présence du directeur de cabinet du préfet. À l'ordre du jour, la présentation d'un plan d'actions de promotion du volontariat d'une durée de trois ans. Cette feuille de route a le mérite d'être très concrète. D'un secteur à l'autre, les recommandations diffèrent et priorité a été donnée aux secteurs ruraux où le renouvellement des effectifs est le plus difficile : Champagne-Mouton, Roumazières, Aigre, Segonzac, Châteauneuf, et surtout tout le Sud-Charente, Baignes, Blanzac, Chalais, Montmoreau et Saint-Séverin.
« Là, il n'y a pas ou peu de grosses entreprises susceptibles d'être démarchées et sensibilisées. Le tissu économique est constitué de PME et d'artisans. Pour ces petits patrons, laisser partir un salarié sur une intervention n'est pas facile. Je le comprends. Nous allons donc nous rapprocher des collectivités locales, notamment des Communautés de communes où les agents sont sans doute plus disponibles », explique le colonel Stock.
Le plan d'actions présenté fin janvier est constitué de 32 fiches très pratiques. Exemples : mise à jour du site Internet du Sdis (pour l'heure non référencé par Google) ; tenue d'un stand dans les grandes manifestations publiques ; réalisation et diffusion d'un film ; distribution d'une plaquette à tous les employeurs, publics comme privés, etc. Rien de révolutionnaire, certes, mais des initiatives simples et efficaces.
« Nous ne sommes pas des faiseurs de miracles, concède le colonel Stock.Notre objectif est de maintenir des effectifs constants. La promotion du volontariat, c'est aussi rappeler certaines évidences. Dire en toute franchise que l'on ne gagnera pas des mille et des cent en choisissant cette voie. Mais dire que revenir à la caserne avec la satisfaction d'avoir sauvé une vie, cela n'a pas de prix ! »

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